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nature. Ils pouvaient être esclaves de cet empire, ils ne pouvaient jamais en devenir des citoyens. Dès que l’empire commença à chanceler, vers les vie et viie siècles, on découvrit tout d’un coup ces Slaves inconnus, sur tous les points de la Grèce et de l’Orient. Ainsi, dans le viiie siècle, ils tentent des révoltes contre les empereurs : grecs ; ils sont battus et soumis ; des populations nombreuses de Slaves envoyées dans l’Asie mineure pour combattre les Turcs passent du côté des Turcs ; une armée slave de 120 à 150 000 hommes s’établit dans l’Asie mineure, et, enfin, l’histoire raconte qu’un chef slave, nommé Thomas, ayant pris parti pour les Turcs, fit beaucoup de mal aux Grecs.

La chute de l’empire byzantin, cette vaste agrégation d’États qui comprenait non seulement la Grèce entière, mais encore la Syrie et l’Égypte, et qui ne put résister aux attaques de quelques milliers d’Arabes, s’explique par l’abandon, par l’indifférence des populations qui le composaient. On sait que déjà, avant la conquête, ces populations étaient moralement divisées par leurs discordes religieuses ; on n’ignore pas que les Ariens, les Manichéens, les Coptes, gravitaient vers l’islamisme ; mais la cause physique de la destruction de l’empire vint des Slaves. Dans l’Asie mineure et plus tard dans la Grèce, les Slaves ayant reçu, ou du moins toléré les Turcs, l’empire n’eut plus de ressources pour la guerre. La force même de la Turquie fut dès lors et surtout basée sur le peuple slave. Amurat, ayant formé les janissaires, ordonna aux populations chrétiennes de livrer un cinquième