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primitive. Les anciens auteurs qui parlent des Mongols prétendent qu’ils vénéraient l’épée comme symbole de la force brutale. Les Slaves disent, ainsi que le témoignent leurs chansons populaires, que les Tartares honorent chaque jour une divinité différente. C’est là un mythe significatif, dont le sens est que les Tartares n’ont de culte que pour le fait matériel, le succès du jour. Ces peuples représentent l’idéal de l’obéissance passive ; ils reconnaissent naturellement des supérieurs ; cette maxime que là où il y a deux soldats, il y a un supérieur et un inférieur, leur a été instinctivement révélée. Leurs chefs réunissent toutes les qualités et tous les défauts de leur race. Ils naissent philosophes ; ils ne croient à rien et ne se servent de la religion que suivant les besoins de leur politique ; ils n’ont jamais été fanatiques ! Chacun d’eux est né général, possédant l’art de la stratégie au plus haut degré. On connaît les exploits d’Attila et de Gen-Gis-Khan, qui ne savaient ni lire ni écrire, qui même ignoraient l’histoire de leur race. Assis sous l’étoile polaire, ils envoyaient des ordres à leurs armées, dont les unes saccageaient l’Allemagne, tandis que les autres ravageaient la Chine. Les guerriers mongols ont tous un talent militaire prodigieux : il est arrivé souvent que l’armée restée sans guides et sans chefs, devinait le plan général et exécutait des mouvements sans en avoir reçu l’ordre. Toute cette race est mue par l’infaillible instinct des bêtes féroces. Les chefs ouraliens n’étaient pas barbares ; on pourrait même affimer qu’ils étaient civilisés ; s’il est vrai de dire que la civilisation consiste seulement dans l’ha-