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gers, jamais ces emprunts ne furent des verbes. C’est à une remarque capitale, car la vieille langue, la langue complète, commence par le verbe, et c’est la partie essentielle, la partie pour ainsi dire divine des langues.

Les substantifs, au contraire, en forment la base et la partie matérielle. Il y a des langues qui acceptent des verbes des pays étrangers, elles se détruisent. Telle a été, par exemple, la langue des Bretons dans les Îles-Britanniques, qui, acceptant la partie intellectuelle de la langue du peuple normand, tout en gagnant en lucidité, en clarté, a perdu l’élément spirituel, l’élément qu’on pourrait appeler divin.

C’était aussi le cas de plusieurs langues celtiques. Dans une telle langue, il est impossible de rendre certaines idées, certains sentiments d’un ordre élevé, comme il est impossible de rendre par le burin le coloris, le clair-obscur. Ainsi dans les langues celtiques, on ne parviendra jamais à traduire certains passages de la poésie orientale, et même un grand nombre de poésies germaniques. La langue slave, bien qu’ayant emprunté beaucoup de substantifs étrangers, les laisse indéclinables, ne les accepte jamais dans son organisation intérieure et n’en forme pas des verbes, de sorte qu’elle ne cesse de posséder son élément essentiel : le verbe qui constitue son essence. Avec tout cela, il ne sera probablement pas donné aux Slaves, ni à aucun autre peuple, de créer une autre Iliade ou Odyssée.

Les poésies dont nous venons de parler ressemblent tout au plus aux fragments homériques. Elles