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sonne morale, indépendante. Elle a les mœurs et les habitudes orientales. De là cette modestie et cette retenue des femmes que l’on retrouve aussi dans la poésie appelée féminine. Maïs la femme est respectée par les héros comme leur compagne, comme leur mère, comme la mère de leurs enfants ; on n’a pas d’exemple, dans la poésie serbienne, de ce mépris pour la femme qu’on trouve souvent dans les compositions poétiques des sociétés plus policées et plus corrompus. En général, à cette époque, à la fin du XIVe siècle, où la poésie chevaleresque finit en Europe, où commence le roman, la femme n’apparaît plus que sous la forme d’une beauté physique, et n’intéresse que par ses passions. Les caractères des femmes sont plus variés dans la poésie antique, et surtout dans celle des Serbiens, où la femme n’est plus esclave quoiqu’elle ne soit pas entourée de cette sainteté que la race germanique lui accordait, et de cette auréole dont la poésie catholique en a revêtu l’idéal.

Vers la fin du poëme de la bataille de Kossowo, une femme, une jeune fille s’est introduite sur le champ de bataille pour y chercher les héros de sa connaissance. Ce passage nous donne une certaine idée de la manière dont les Slaves décrivent la femme dans leurs poëmes.

« Le dimanche (c’était le lendemain de la bataille), de grand matin, la jeune fille de Kossowo se met en marche : elle a retroussé ses manches jusqu’aux coudes ; sur son épaule elle porte des pains blancs, et dans chacune de ses mains une coupe d’or. L’une de ces coupes est remplie d’eau fraîche, l’autre de vin