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et celle de l’Iliade, où Homère raconte une défaite des Grecs dans l’assaut que les Troyens donnèrent à leurs camps : Antiloch arrive blessé ; il raconte les détails de la perte des Grecs, pendant que Patrocle s’occupe de laver ses blessures et de lui donner du vin. On trouverait les mêmes rapports dans les caractères des héros.

Comme tout le monde connaît la poésie homérique, il serait inutile ici de parler longuement des mœurs, des habitudes de ces hommes de l’âge héroïque. Cet âge se ressemble partout. Les héros slaves sont, comme ceux d’Homère, des hommes simples, enthousiastes, passionnés ; ils estiment surtout la guerre. Ils regardent la valeur comme la vertu principale. Ils respectent la religion, ils aiment le luxe et la splendeur, ils sont portés facilement à la violence ; mais ils ne sont pas sauvages. La guerre n’est pas pour eux, comme pour les peuples d’Amérique, une chasse aux hommes. Ces héros observent certains droits des gens. Ils respectent le serment, ils gardent leur parole d’honneur, ils n’emploient que les armes légitimes. Leur caractère est encore élevé par l’influence du christianisme. Les vengeances atroces des Grecs, les violences des Troyens ne se retrouvent pas dans la poésie serbienne ; il y a plus d’humanité. On épargne les prisonniers, on ne se venge pas sur le corps mort d’un ennemi vaincu.

La femme, dans cet âge héroïque des Slaves, est encore enfermée dans la vie domestique. Elle apparaît rarement sur la scène. Elle n’agit presque jamais comme un personnage politique, où comme une per-