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« Le lendemain du jour où les princes étaient partis, deux corbeaux noirs, venus du côté de Kossowo, tombèrent sur la tour de Lazare. L’un croassait et l’autre disait :

» — N’est-ce pas ici le palais de Lazare ? N’y a-t-il personne dans ce palais ? —

» Cependant aucune voix ne répondait.

» Mais la reine avait entendu les corbeaux ; aussitôt elle monte sur la tour blanche et les salue ainsi :

» — Que Dieu vous ait en sa sainte garde, ô ! deux noirs corbeaux. D’où venez-vous de si matin ? Ne serait-ce pas des champ de Kossowo ? Y vîtes-vous deux puissantes armées ? Ces deux armées se sont-elles combattues ? laquelle des deux est victorieuse ?

» Les deux corbeaux répondirent à la reine :

» — Que Dieu vous ait en sa garde, Ô reine Militza ! Nous venons des champs de Kossowo.…, etc. — »

Ils disent alors qu’il reste très peu de Turcs sur le champ de bataille, mais que tous les chrétiens ont péri ou sont blessés.

Enfin, l’écuyer du roi Lazare arrive, monté sur un cheval couvert de sueur, et soutenant de sa main gauche sa main droite blessée. La reine lui demande des nouvelles. Mais il prie d’abord qu’on lui donne de l’eau et du vin : de l’eau pour laver son front, et un peu de vin pour qu’il se rafraîchisse, car il tombe de fatigue, et il est exténué par la perte de son sang. La reine elle-même s’occupe de ce soin. Il lui raconte alors comment le roi, comment Yug Bogdan et ses neuf fils ont péri sur le champ de Kossowo.

Il y a beaucoup de rapports entre cette description