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du Nord. Par cette étude seulement, on arrivera à connaître les vraies causes qui arrêtèrent jadis la marche des peuples asiatiques vers l’occident de l’Europe.

Rappelons-nous la configuration du territoire slave, qui se trouve placé entre les montagnes de la Grèce et la Baltique, de cette plaine immense qui sépare l’Europe de l’Asie. C’est dans ce bassin, dans cette mer slave, que tout le torrent des peuples nomades tombait et s’accumulait lentement avant de déboucher vers l’Occident. Or au VIe siècle, une révolution eut lieu sur cet immense territoire, elle en changea toute la configuration. La religion commença à agir ; la vie organique, émanée de Rome et de Constantinople, y circula. Alors surgirent des empires ; ce fut l’ère mythique des Slaves. Les Polonais, les Bohêmes, les Moraves apparaissent ; plus tard se montre le grand duché de Russie. Les Russes opposent dès lors une résistance active aux envahissements des nomades qu’ils absorbent ou qu’ils parviennent à chasser : la séparation de l’Europe et de l’Asie s’accomplit.

Cependant le péril que couraient les peuples de l’Occident exposés aux invasions des tribus guerrières des Goths et des Ostrogoths, n’était rien en comparaison de celui dont les menaçait la race mongole. Les guerriers germains ressemblaient aux troupes régulières ; elles vivaient aux dépens des cultivateurs, mais ne les détruisaient pas, tandis que la race mongole, tartare ou ouralienne, qui n’a rien de commun avec la race indo-germanique, et dont l’Europe eut