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si célèbre dans la poésie serbienne, existe encore, dit-on.

Après ce premier fragment, qui exprime un pressentiment douloureux de l’avenir, de la catastrophe qui approche, on pourrait citer un autre fragment où il est déjà question de la présence du sultan Amurat en Serbie avec ses troupes. Dans ce fragment, ce sultan envoie un défi au roi Lazare.

« Le sultan Amurat, dit le poëte, arrive sur le champ de Kossowo, et arrivé sur ce champ, il écrit un petit livret, qu’il expédie pour qu’on le mette sur les genoux du roi Lazare. »

Suit le contenu de ce livret.

« O Lazare ! chef des Serbiens, on n’a jamais vu, on ne verra jamais qu’une seule terre ait deux maîtres, qu’un seul sujet paie deux impôts à la fois. Ainsi, nous ne pourrons pas régner l’un et l’autre en même temps. Or, envoie-moi les clefs et les tributs, les clefs d’or de toutes les villes et le tribut de cette année. Si tu ne veux pas m’envoyer cela, viens sur le champ de Kossowo et nous partagerons la terre avec nos sabres. »

Lorsque Lazare eut lu ce petit livret du sultan, il commença à pleurer amèrement, puis il envoya des ordres à ses sujets pour qu’ils eussent à se réunir promptement.

Il y aurait, dit le poëte, de quoi vraiment s’étonner, si on entendait les imprécations dont le prince accompagne ses ordres.

— « Que celui qui ne se rendra pas sur le champ de Kossowo, ne voie rien prospérer sous sa main ! ni