Après la destruction de toute civilisation dans la Serbie, le peuple seul, ayant conservé quelques traditions tronquées, chercha à les resserrer, à les rattacher entre elles. Très probablement les Homérides se sont trouvés dans la même position par rapport à leurs ancêtres, les poëtes de l’époque d’Orphée et de Musée.
La légende que je vais vous lire est une discussion entre les saints patrons, sur les attributions, sur les bénédictions dont ils doivent disposer. La sainte vierge Marie s’approche de ces saints, elle leur raconte les malheurs arrivés dans un pays étranger que le poëte appelle le pays des Indes, c’est-à-dire un pays très éloigné.
« O Seigneur, dit le poëte, quel miracle étrange ! Est-ce un tonnerre ? est-ce un tremblement de terre ? est-ce la mer en grondant qui envahit le rivage ? Non ! Il ne tonne pas, la terre ne tremble pas, ce n’est pas la mer qui gronde, mais ce sont les saints qui, dans le ciel, se partagent les bénédictions : saint Pierre, saint Paul, saint Nicolas, saint Jean, saint Élie, et avec eux saint Pantaléon.
» La sainte vierge Marie s’approche pleine de larmes. Alors Élie, le maître du tonnerre, — (Élie ressemble beaucoup à Jupiter dans la poésie serbienne) — lui dit : O ! notre chère sœur, à Marie bienheureuse, qu’est-ce qui t’arrive de si malheureux, car je te vois verser des larmes ?
» Marie, la bienheureuse ; lui répond : O ! mon frère Élie, maître du tonnerre, comment ne verserais-je pas des larmes, puisque j’arrive des terres des Indes ! Il règne dans cette terre une grande