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NÉCESSAIRE A L’OCCIDENT.

l’influence des doctrines slaves. Il est surprenant que l’expérience de ces peuples en matière religieuse n’ait pas été plus consultée par l’Europe : Jean Hus cependant a précédé Luther. Des sectes nombreuses, issues du protestantisme, sont arrivées dans le Nord à un état social de complète maturité ; elles avaient leurs tribunes, leurs assemblées législatives, leur pouvoir exécutif ; en un mot, elles avaient donné, comme société, les derniers fruits des tentatives et des réformes dont l’Occident aurait pu, en les étudiant chez les Slaves, s’épargner les douloureux essais.

Quant à l’histoire proprement dite, nous trouverons dans celle des peuples du Nord le moyen de résoudre une question qui intéresse l’Europe et la France, celle des invasions des Barbares. Jusqu’à l’époque de la formation de la société européenne, jusqu’à l’établissement du royaume chrétien en France, tout ce qui concerne les rapports de l’Occident avec les races du Nord est enveloppé d’obscurité. Une ligne sépare ici le connu de l’inconnu, et le connu ne commence qu’à l’époque de l’invasion des Barbares. Ce qui s’est passé avant dans les pays barbares est ignoré. Quel est le mouvement qui poussait les Barbares vers l’Occident, qui les portait de Constantinople aux embouchures du Rhin et à Rome ? Qu’est-ce qui a poussé et arrêté ces hordes ? Qu’est-ce qui a y, fait monter et descendre cette marée de la barbarie ? Tout cela est peu compris encore, et l’on ne pourra s’en rendre compte qu’en l’étudiant dans ses origines, c’est-à-dire dans l’histoire primitive des peuples