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mes neuf lionceaux, je voudrais bien boire ce vin ; mais je pense comment et avec quoi je récompenserai Lazare.

» Un d’eux lui dit : — Il te sera facile de lui faire un beau cadeau, car tu possèdes des chevaux, des bœufs, des faucons, des plumes d’autruche.

» Alors le vaillant roi Étienne prend la parole : — Mon serviteur Lazare ne manque pas de chevaux ; il a des faucons et des plumes d’autruche. Il ne veut rien de tout cela ; mais il voudrait épouser Militza, la plus jeune de tes enfants, votre sœur, ô Yugowitchs !

Dès que les neuf fils eurent entendu ces paroles, ils s’élancèrent tous de leur siège et tirèrent leur sabre pour tuer le roi sur son trône. Le vieil Yug leur adressa alors ces paroles :

» — Arrêtez, ô mes fils ! si le salut de vos âmes vous est cher. Si vous tuez ici le roi, la malédiction du ciel vous suivra dans l’éternité. Arrêtez, et laissez-moi consulter les vieux livres pour voir si Militza est réellement destinée à Lazare. » —

Yug recommence alors à déchiffrer les vieux livres ; à force de les lire, il y trouve une prophétie, et il s’écrie :

« — Arrêtez, Ô mes fils ! si le salut de vos âmes vous est cher. Militza est destinée à Lazare, et le royaume lui est destiné, et il régnera un jour au milieu de la blanche ville de Kroushevatz sur Morava. » —

» Le roi Étienne ayant mis la main dans son ceinturon, il en tira mille pièces d’or, et il en tira aussi une