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conte avec une fidélité homérique tous les événements. Ils ont chassé, ils reviennent, le roi invite le vieux Yug ; Lazare invite les jeunes frères ; ils s’assemblent et prennent place autour de la table. Alors le poëte s’exprime ainsi :

« D’abord le vaillant roi Etienne met à côté de lui le vieil Yug, et tout autour les neuf Yugowitchs. Le fidèle serviteur Lazo les sert à table ; il apporte beaucoup d’eau-de-vie et de sucre, et il verse du vin. Yug commence à parler des héros et de leurs exploits, puis il ouvre les grands vieux livres et y cherche les prédictions sur les temps à venir.

» — Regardez-y, ô mes chers enfants ; voyez ce que ces livres vous annoncent : Les derniers temps vont venir ; on ne verra plus sur terre ni brebis ni froment, ni abeilles ; il n’y aura plus de forêts dans le pays. Les amis se citeront en justice ; ils plaideront devant les tribunaux les uns contre les autres, et il y aura des duels entre eux. —

» Or, Lazo, ayant entendu cela, monte sur la tour du palais, prend la coupe précieuse… » — Ici le poëte répète de nouveau, à la manière d’Homère, l’histoire de l’achat de cette coupe. — « …Il la remplit de vin et la présente à Yug en faisant une profonde révérence. Yug prend la coupe ; mais il ne se hâte pas de la vider ; car il pense comment et avec quoi il récompensera Lazare. Les neuf fils se lèvent alors et parlent ainsi à leur père :

» — Notre père, vieux seigneur, pourquoi ne bois-tu pas le vin que Lazare vient de te servir ?

» À quoi le vieil Yug répond : — O, mes enfants !