Page:Mickiewicz - Les Slaves, tome 1.djvu/226

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le saint dimanche. Or, nous voulons aller à la chasse dans les montagnes, et nous y inviterons le vieil Yug et de même les neuf fils de Yug. Tu n’iras pas dans les montagnes, Lazo, tu resteras ici, dans ma blanche maison, tu prépareras un souper magnifique. Quand nous aurons fini la chasse, et quand nous aurons pris place autour de la table, fais servir copieusement de l’eau-de-vie et du sucre, n’épargne pas mon vin rouge. Or, quand nous aurons bien bu, le vieil Yug ne manquera pas de parler des temps anciens, des héros et de leurs exploits, puis il prendra ces vieux livres que tu sais… »

On ne sait pas de quels livres il est ici question ; mais le peuple attachait une idée superstitieuse aux livres en général, il croyait qu’on peut y trouver des prédictions de l’avenir ; un homme qui savait lire passait pour une espèce de sorcier. Le roi Étienne continue ainsi :

« — Dans ces livres célèbres, il cherchera des prédictions sur les temps à venir. Lorsque tu auras vu et entendu tout cela, monte vite sur la haute tour de mon palais et prends-y la coupe d’or que j’ai récemment achetée dans la blanche ville de Waradine, et pour laquelle, après avoir longtemps marchandé, j’ai donné autant d’or qu’un mulet en peut porter. Remplis bien vite cette coupe avec du vin rouge, et, après avoir fait une profonde révérence, présente la à Yug. Alors le vieux Bogdan réfléchira sur ce qu’il devra t’offrir pour une si belle coupe, et je lui parlerai de Militza, la plus jeune de ses enfants. »

Ici commence le récit de la chasse. Le poëte ra-