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il est d’une naissance mystérieuse. On le suppose fils d’un roi. Il est page à la cour du roi.

Il épouse la fille de Yug, ce fameux patriarche, père de plusieurs guerriers ; le prince lui accorde sa fille, parce qu’il trouve dans les livres mystérieux une prophétie qui le concerne. Lazare est plus tard glorifié comme martyr de la cause nationale. Les poëtes ne savent rien de son esclavage chez les Turcs, on le suppose toujours tué sur le champ de bataille, et on raconte des merveilles sur ses faits d’armes.

Après ce premier cycle de la poésie épique, commence un cycle romanesque. Ce sont des exploits d’individus, de guerriers, qui n’ont plus aucune tendance, aucune idée nationale. Ce sont des chevaliers qui se font Turcs, des apostats, des chercheurs d’aventures, mais toujours tenant à la famille de Lazare.

Nous allons lire ici un poëme où on raconte le mariage du prince Lazare avec la fille du fameux. Yug. La scène se passe à la cour du roi Étienne. Lazare est page et serviteur du roi, qui le protège, parce que plus tard on découvre qu’il doit remplacer sur le trône la famille des Nemanitchs. Nous citons :

« Le vaillant roi Étienne boit son vin dans sa bonne ville blanche de Prizven. Son fidèle serviteur Lazo lui verse du vin ; il lui apporte deux coupes l’une après l’autre ; mais il regarde de travers son roi. Le roi s’adresse à son fidèle serviteur Lazo.

— « Par Dieu ! à mon fidèle serviteur Lazo, ré-