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les formes, le coloris, ne peut être apprécié qu’en le rapprochant du spectateur. C’est la mission qui m’est donnée.

Je ne m’arrêterai pas pour le moment sur ce qui peut se trouver d’instructif dans l’organisation de la société slave. Les publicistes, cependant, qui s’occupent des questions sociales, pourraient y puiser beaucoup de lumières et prévoir à l’avance quels seront les derniers résultats de leurs systèmes. Bien des idées, qui, ailleurs, ne sont encore qu’à l’état de pures conceptions, qui n’ont point encore produit leurs conséquences logiques déjà réalisées chez les Slaves, y ont rencontré une solution dans les faits. Si on se donnait la peine de comparer les théories de l’Occident, si avidement saisies par les Slaves, avec la vie pratique de ces peuples si inconnue à l’occident, on épargnerait à l’humanité nombre d’expériences vaines et douloureuses. Pierre le Grand, par la hardiesse de ses conceptions et l’énergie des moyens, ne le cède en rien aux conventionnels français ; il est à lui seul tout une Convention : il concevait et exécutait lui-même. Même plus heureux que les réformateurs français, il parvint à réaliser un système qui existe encore aujourd’hui ; qui, après s’être développé, porte des fruits. Ce système politique individuel, imposé à toute une nation par la volonté d’un homme de génie, il faudrait l’examiner. De cet examen pourraient sortir des éclaircissements touchant les rapports qui existent entre l’école politique dogmatique et l’école historique.

Je m’étonne que l’on n’ait pas étudié davantage