dit rien ; mais, la nuit, il quitta son armée, pénétra dans le camp des Turcs ; admis en présence du sultan, il lui plongea son couteau dans le ventre. Il massacra encore plusieurs Turcs, puis enfin il fut tué et haché en morceaux, ainsi que deux de ses compagnons. Cet héroïsme sublime ne pouvait pas sauver l’armée des Serbiens. Les troupes commandées par Milosch, n’ayant rien su de ses projets, effrayées, et démoralisées d’ailleurs par le bruit qui courait sur sa prétendue trahison, hésitèrent au moment du combat. De son côté Wuk, à l’instant décisif de la bataille, renvoya ses troupes. De sorte que le roi Lazare, après avoir combattu longtemps, ayant eu un cheval tué sous lui, fut enfin fait prisonnier et tué par les Turcs.
Les historiens racontent diversement sa mort. Celui des chroniqueurs qui mérite le plus de confiance est connu sous le nom de Janissaire polonais, qui, en sa qualité de janissaire, fut probablement témoin oculaire de la scène. Il raconte que le sultan Bajazet, fils du sultan Amurat, tué par les Serbiens, fit amener le roi Lazare devant les cadavres de son père et de son frère morts dans la bataille, et lui dit d’une voix menaçante : « Comment as-tu osé commettre un tel crime ? — « Comment, ton père et toi, osez-vous envahir mon royaume ? » lui répondit le roi Lazare. —
Un serviteur fidèle du roi Lazare, un de ses compagnons d’armes, prisonnier comme lui, le conjurait de répondre avec plus de modestie : — « Roi Lazare, disait-il, est-ce que ta tête et ton cou sont faits en bois de saule ? est-ce que tu crois qu’une fois coupés