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Le nom même de vampire, chez les Grecs, n’est que la traduction du mot serbien, qui ne signifie autre chose que : le buveur du sang.

Strix, mot avec lequel on désigne en latin un oiseau de nuit, ainsi qu’un vampire, n’est autre que le mot des Slaves, Striga, sorcier, vampire.

Le système du vampirisme est si développé chez les Slaves, que des hommes savants ont pu en assembler et en coordonner d’une manière scientifique tous les éléments. Un écrivain, M. Malianowic, a publié récemment une dissertation très curieuse sur ces phénomènes. Le vampire, d’après l’idée slave, n’est pas un possédé dominé par un mauvais esprit ; c’est un être humain monstrueux. On suppose qu’un vampire naît avec un cœur double et avec une âme double. Il reste jusqu’à l’âge de l’adolescence sans se connaître lui-même ; mais plus tard son instinct destructif se révèle, et cette âme, que le savant Malianowic appelle l’âme négative, le cœur négatif, commence à prédominer.

Le vampire reconnaît ses confrères qu’il rencontre dans la société ; la nuit, il les retrouve dans des réunions mystérieuses. Là, ils se consultent mutuellement sur les moyens de détruire les populations, car toutes leurs actions n’ont qu’un but, la destruction, le mal. Ainsi, les pestes, les maladies des animaux et même la disette, selon les Slaves, viennent des vampires. Le siège de cette croyance est surtout dans les pays du Danube, dans la Servie, dans la Carniole, dans la Hertzogovine. Il y a quelques années, pendant que le choléra sévissait dans ces contrées, plusieurs