mémoires d’un soldat français, longtemps prisonnier en Russie, nous retrouvions la description de ces oiseaux de la forêt.
Les poëtes modernes polonais et russes, emploient a chaque moment des mots, quelquefois des expressions, qui paraissent tirées de ce poème ; et cependant, on peut assurer que ces poëtes, au moment où ils ont composé leurs ouvrages, connaissaient peu le monument littéraire dont nous parlons.
Les sentiments patriotiques que le poëte met dans la bouche du prince Igor, sont une invention poétique. L’auteur a voulu idéaliser son siècle et exprimer ses souhaits, ses désirs. En effet, il rend le sentiment général du peuple slave de cette époque, le vœu de voir un empire fort et puissant, et surtout uni. Il cite même des paroles de Boïan, ce vieux poëte mystique, qui s’écrie : malheur à un homme sans tête, à un pays sans monarque ! Mais les princes Varègues s’occupaient peu de ces intérêts nationaux ; il aspirait seulement à la puissance et à la grandeur. Ces princes s’entre-détruisaient mutuellement dans l’intérêt de leur propre puissance. On ne trouve dans l’histoire aucune trace qu’ils aient eu, du moins à cette époque, un sentiment élevé, un sentiment national. Ils pensaient si peu aux Slaves de la Russie, que l’arrière petit-fils d’Igor quitta cette contrée pour faire des conquêtes sur le Danube, dans le pays des Bulgares, avec l’intention de s’y établir. Il aurait abandonné la Russie, s’il n’avait pas été repoussé de ces contrées par l’empereur grec.