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Après ce passage vient une belle élégie que le poëte met dans la bouche de la princesse Jaroslawna, femme d’Igor :

« La voix de Jaroslawna retentit comme celle du coucou caché dans le feuillage : — Je volerai, dit-elle, je volerai sur les rives du Dniester ; je tremperai ma manche de castor dans les flots de la Kaïala, pour étancher le sang sur le corps de mon prince, pour laver les plaies sur son corps refroidi. —

» Du haut de la tour de Putywl, on entend la voix de Jaroslawna. C’est ainsi qu’elle pleure à l’aube du jour… — O vent ! pourquoi, en soufflant, tes ailes volent elles au secours du Khan ? Pourquoi jettes-tu les flèches sur mes guerriers si chers ? N’as-tu pas assez de jouer avec la cime des forêts et de plier les mâts sur la mer bleue ? Pourquoi ton souffle m’enlève-t-il mon bonheur ? —

» Du haut de la tour de Putywl, on entend la voix de Jaroslawna : — O Dniéper ! toi qui coules avec tant de gloire sur nos terres ; avec tes flots tu as brisé les rochers des Polowzs, tu as porté le vaisseau de Swiatoslaw contre Kobiak ! Rends-moi mon bien-aimé, n’emporte pas en vain mes larmes vers la mer ! —

» De la tour de Putywl, on entend la voix de Jaroslawna, etc. »

Puis commence le récit de l’évasion d’Igor, auquel le Polowz Owlur donne un cheval. Tout ce passage est très poétique.

« À minuit, la mer bouillonne, les fantômes s’élèvent dans les brouillards. Dieu montre au prince Igor la voie qui mène de la terre des Polowzs vers la Rus-