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vrais enfants. Vous avez combattu avec gloire ; mais vous n’avez pas veillé avec gloire. Quels malheurs vous avez attirés sur mes villes ! O Jaroslaw ! mon frère bien-aimé, où sont tes beaux villages, tes châteaux pleins de trésors et de riches armures ? Toi qui menais au combat de nombreux guerriers de Tchernigow avec tous tes compagnons, qui, sans bouclier, se jetaient au milieu des batailles en faisant résonner le chant de gloire de leurs ancêtres ! Et vous, mes enfants, en vous jetant sur les ennemis, vous vous êtes dit : « Nous aurons pour nous seuls la gloire ! » Serait-ce donc un miracle, si un vieillard rajeunissait ? Quand un faucon perd ses plumes, il s’élève plus haut, et malheur à celui qui oserait attaquer son nid. Mais il me faut du secours des princes, mes parents. »

Ici, Swiatoslaw appelle tous les princes de la terre russienne, Wladimir, le grand Wsewalod, Rurik le Fort avec son frère David, Jaroslaw de Halitch, qu’il nomme l’homme aux huit sens ; puis, en parlant d’Igor, il dit :

« — O Igor ! le soleil a perdu son éclat, l’arbre fleuri a couvert la terre de ses fleurs flétries ; l’ennemi saccage tes villes ; mais personne ne pourra ressusciter ton armée. »

Alors il excite tous ses compagnons à la vengeance. Il rappelle tous les vieux souvenirs, toutes les expéditions anciennes, puis il termine ainsi :

« — Frères, baissez vos étendards, jetez vos armes de discorde, car la gloire de vos pères est outragée par vous ; car l’ennemi, encouragé par vos querelles, saccage la terre russienne. »