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possible à résoudre sur des preuves matérielles, car le manuscrit original a péri dans l’incendie de Moscou.

Igor, fils de Swiatoslow, prince de Nowogorod Siewierski, régnait entre 1151 et 1202. Partagé entre plusieurs principautés indépendantes, troublé constamment par des guerres civiles acharnées entre les descendants de Rurik, l’état russien était alors souvent attaqué par les peuplades du Nord et de l’Est, et notamment par les Polovzs. Les princes russes faisaient en revanche de fréquentes expéditions offensives contre ces barbares. C’est une de ces expéditions qui fait le sujet de notre poëme. L’auteur semble être contemporain du héros ; il en parle comme d’un prince régnant. Si l’on compare cet écrivain avec Nestor, il est facile de voir qu’il était laïque ; cependant il connaissait la Bible, car il se sert souvent d’expressions qui rappellent les termes de l’Écriture sainte. On peut aussi remarquer dans plusieurs passages une certaine imitation de la poésie normande de cette époque, telle qu’elle nous est parvenue dans quelques fragments : c’est tout ce que nous savons du poëte ; son nom nous est complètement inconnu. Nous examinerons plus tard la forme et l’esprit de son œuvre, dont la composition est très simple. Il commence par déclarer qu’il racontera les choses telles qu’elles se sont passées, qu’il ne se permettra pas des inventions comme celles du vieux Boïan. Le nom de ce vieux poëte ne se trouve nulle part ailleurs que dans ce monument ; mais l’admiration que notre auteur professe pour lui prouve qu’il était très populaire chez les Slaves anciens.

Vient ensuite le récit :