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parler devant leurs enfants. C’est avec leur aide que M. Rœnig est parvenu à conserver quelques débris d’une nationalité jadis si puissante. Cela nous rappelle le récit touchant d’un voyageur qui, parlant d’une race de sauvages détruite en Amérique, nous dit qu’un seul être au monde savait encore quelques mots de la langue de cette tribu : c’était un vieux perroquet qui, volant dans la forêt d’un arbre à l’autre, répétait encore quelquefois les sons qu’il entendait jadis.

Tel fut le sort des populations slaves du Nord-Ouest. Une seule des vastes provinces qu’ils occupaient jadis, la Poméranie, a échappé à la destruction, grâce à sa conversion au christianisme sous le roi de Pologne Boleslas Bouche-de-Travers.

Les rois de Pologne, dans leurs luttes contre l’empire d’Allemagne, envahirent plusieurs fois la Milsavie, la Lusace, mais sans jamais chercher à y établir une domination fondée sur quelque idée religieuse ou politique. Boleslas appela de toutes parts les évêques et les prêtres de Pologne pour les charger de prêcher le christianisme aux païens de la Poméranie ; mais il ne put trouver de candidat pour le martyre. Les évêques refusèrent, les prêtres trouvèrent des prétextes pour s’excuser, et, après avoir cherché pendant trois ans, le roi fut obligé de recourir à un Allemand, à l’évêque Otho de Bamberg. Cet homme, saint et admirable, s’empressa d’apprendre le polonais, puis, ayant quitté sa seigneurie et son riche évêché, il se dirigea vers sa mission. Après plusieurs années d’un travail opiniâtre, par la prédication, par des cadeaux