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mille hommes, qui affrontèrent pendant deux siècles toute la puissance de l’empire germanique, il ne reste plus aujourd’hui que deux cent mille âmes, si encore ce chiffre n’est pas exagéré ! L’organisation allemande était destructive de tous les éléments nationaux ; ces Slaves oublièrent peu à peu leur langue et le caractère de leurs ancêtres, leur race périt même lentement.

Cette longue et douloureuse agonie s’est prolongée · jusqu’au xvie siècle ; alors la réforme religieuse acheva la ruine de la nationalité slave, comme nous allons l’expliquer.

Les évêques et le clergé catholique s’interposaient souvent entre le pouvoir et les peuples. L’évêque Bruno au xe siècle, Dittmar de Mersebourg lui-même, et Othon, dont nous parlerons plus tard, protégeaient, défendaient les Slaves. Ils épargnaient même leur langue ; car le catholicisme, n’ayant qu’une langue officielle, le latin, n’avait aucun intérêt à détruire les idiomes locaux ; tandis que toutes les sectes, toutes les réformes, prenant leur origine dans une seule nation, s’efforcèrent de devenir nationales et de propager partout leur propre nationalité. La réforme de Luther était Allemande par excellence, c’est elle qui a détruit ce qui restait de l’élément slave dans le nord de l’Allemagne.

Il y a trente ans, un pasteur protestant de Lubeck, M. Rœnig voulut faire un dictionnaire de la langue welète. Il ne put pas même composer un petit vocabulaire. Quelques vieillards seulement se souvenaient encore de cette langue, et ils étaient honteux de la