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trites s’étant fait baptiser, forma un empire puissant ; mais bientôt il fut précipité du trône par un païen.

Les Allemands avançaient toujours, en bâtissant des forteresses et en érigeant des archevêchés. Ainsi fut fondé l’archevêché de Hambourg ; Othon fonda ceux de Magdebourg (Dziewin) et de Mersebourg (Miendzyborz).

Les archevêques de ces diocèses étaient ordinairement isolés dans leurs forteresses, accompagnés d’un très petit nombre de fidèles ; c’étaient même souvent des archevêques in partibus ; il se passait quelquefois un siècle avant que leurs successeurs pussent prendre possession de leur siége épiscopal. La foi, cependant, était si puissante à cette époque, qu’on ne douta jamais de l’avenir de ces archevêchés dont on traçait les limites idéales sur des terres à conquérir ; en effet, ils ont fini par atteindre ces limites et par réaliser toutes les espérances. L’évêché de Hambourg, plusieurs fois détruit et brûlé, réussit à se maintenir ; celui de Magdebourg devint même le centre religieux de tous les peuples slaves jusqu’à l’établissement de l’archevêché de Gniesen, qui transforma cette ville en capitale de la Pologne.

Vers la fin du xie siècle, le combat définitif fut livré entre les Slaves et les Allemands. Les Obotrites avaient alors deux chefs : l’un chrétien, l’autre paeïn. Le premier cherchait la protection des Allemands ; le second appela à son secours les Danois. Pendant quelque temps, celui-ci eut le dessus ; il fut proclamé roi par toutes les tribus voisines. Il s’appelait Kruk, c’est-à-dire le corbeau (c’était le nom