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de germes d’organisation politique. D’ailleurs, pour mettre le comble à cette anarchie, ils étaient sans cesse en lutte les uns contre les autres et se faisaient des guerres acharnées. C’est pourquoi un empereur grec donnant à son fils, dans son testament, des conseils sur la manière de gouverner, lui dit que les Slaves, conduits par une multitude de chefs, sont le peuple le plus facile à vaincre, qu’il suffit pour cela de semer la discorde parmi eux. Les empereurs d’Occident suivaient à leur égard la même politique. Les Bodryces étaient sans cesse en guerre avec les o Lusaciens : toutes les fois que les Allemands leur laissaient un repos momentané, ils en profitaient pour courir aux armes et s’entredéchirer. Louis-le-Débonnaire et Louis-le-Germanique intervenaient souvent dans leurs affaires et jugeaient leurs querelles intestines. Ils donnaient aussi l’investiture à leurs chefs ; ces titres étrangers étaient en grande vénération chez les Slaves.

Ces luttes, ces guerres que nous résumons en quelques mots, ont duré deux cents ans. Plusieurs fois des armées de cinquante, de soixante mille hommes se rencontrèrent sur le champ de bataille. Des victoires éclatantes, des défaites terribles se succédaient sans cesse ; pendant ce temps les Allemands s’emparaient lentement du pays. Depuis l’avènement de la dynastie saxonne, depuis le règne de Henri l’Oiseleur, il devenait presque impossible aux Slaves de résister à ces envahisseurs acharnés. Les empereurs francs, trop éloignés de ces contrées pour les conquérir, n’avaient prétendu qu’à exercer sur