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proie : ainsi il y avait les Faucons (Ravog), les Corneilles (Wranki), les Corbeaux (Kruki). Libres depuis le départ des Goths et des Hérules, ces peuplades guerrières et pleines d’audace attirèrent l’attention des rois et des empereurs francs. Pépin-le-Bref demanda le secours des Bodryces contre les Saxons ; ils lui envoyèrent cent mille combattants. Charlemagne, après lui, voulant envelopper tout le Nord dans son vaste empire, chercha à étendre sa domination sur les Slaves ; mais ses efforts étaient surtout dirigés contre la Saxe et la Bohême. Il conclut des traités avec les chefs des Bodryces ; l’un d’eux, nommé Drażko, lui amena soixante ou quatre-vingt mille combattants pour l’aider à conquérir la Saxe.

Toutes ces circonstances sont très peu connues aujourd’hui ; le souvenir de ces combats est conservé dans les chroniques du temps ; mais les écrivains actuels de l’Occident s’occupent peu de ces peuplades. Cependant il est certain que dans les grandes luttes de Charlemagne contre les Saxons, l’intervention des Slaves de l’autre côté de l’Elbe a été décisive. Charlemagne, pour récompenser Drażko, lui conféra quelques uns des privilèges de la royauté.

La cause des malheurs des Slaves occidentaux fut leur désunion et leur incapacité politique, attestées par les auteurs grecs comme par les chroniqueurs des Francs et des Goths. Ces petites peuplades, forcées comme toutes les autres nations slaves de combattre des peuples plus civilisés et mieux disciplines, ont été forcées d’obéir à des chefs ;·mais ceux-ci n’apparaissaient qu’un instant sur la scène sans laisser après eux