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talité et la bienveillance sociale, mais ils s’occupaient peu des intérêts de la religion.

Aussi les Polonais ne firent aucun effort pour gagner au christianisme leurs voisins barbares ; ils faillirent ainsi à leur principale mission, car celle de l’époque était, avant tout, de propager le christianisme, parmi les païens, et l’oubli.de ce devoir fut pour la Pologne la source de grands malheurs.

Les rois rassemblaient bien leurs armées et faisaient des expéditions dans ce but, mais ils étaient mal secondés, ils manquaient d’apôtres et de martyrs. Les apôtres venaient des pays étrangers, on allait les chercher en Allemagne et en Bohême. Un d’eux, un grand homme, saint Adalbert, est devenu le patron de la Pologne. Il forme, à lui seul, une époque dans l’histoire de ce pays.

Saint Adalbert naquit en Bohême, sur les confins de la Pologne, d’une grande famille lechite ; son père était comte et sa mère parente du duc régnant ; cette famille avait de nombreuses relations et une grande influence en Pologne. Dès son enfance on le destina à l’état ecclésiastique. Envoyé en Allemagne pour achever ses études, il visita ensuite la France et l’Italie ; revenu dans sa patrie, il fut sacré évêque de Prague. Le peuple le reçut avec enthousiasme, car il parlait bien le slave et composait même des poésies dans cette langue. Les grands aimaient sa douceur et sa miséricorde. Toutefois un orage formidable éclata bientôt sur sa tête, sous prétexte qu’il introduisait des coutumes nouvelles dans le pays : il invitait à sa table tous les chrétiens indistinctement, sans tenir