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le compagnonnage pour ses besoins et ceux des fidèles. En s’étendant, cette association devenait une ville.

Les Slaves étaient ainsi repoussés vers la campagne et obligés de se soumettre à un régime contraire à leur nature. Sous le poids de cette atmosphère étrangère, leur langue, leurs mœurs et leurs coutumes s’effaçaient chaque jour. Quelque empressement que mirent les seigneurs ou l’Ég1ise à leur assurer une vie libre et facile, ils ont disparu partout où s’est établie la féodalité.

Quel était donc le moyen d’arrêter cette invasion allemande ? Un historien dit qu’il n’y avait qu’à ériger la croix sur la frontière pour enlever aux empereurs allemands le principe de leur force. En effet, l’entrée des Slaves dans la communion chrétienne dépouillait de tout caractère religieux leurs contestations politiques avec l’empire ; et même, avec le temps, les princes slaves, s’assurant l’alliance des barons par des mariages et des traités, devaient influer sur les affaires intérieures de l’Allemagne et devenir quelquefois redoutables aux empereurs. Voilà que fut le service que le christianisme rendit à la Pologne et à la Bohème.

La Russie était dans une situation différente ; elle n’avait à combattre que les hordes nomades des steppes qui fondaient sur elle. Les Normands aventureux qui la gouvernaient attaquaient l’empire d’Orient, et les Grecs cherchaient à les convertir pour assurer leurs frontières sans cesse menacées. Wladimir, contemporain de Boleslas le Grand, et le dernier des souverains russes qui ait appelé de nouvelles bandes de la