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s’empressaient à l’envi de prendre les armes, d’unir leurs efforts. C’est ainsi que cet empire pesait de toute sa masse sur les Slaves ; l’Église l’y encourageait. Les individus y trouvaient d’ailleurs leur avantage par la formation d’établissements féodaux. Il ne faudrait pas se figurer, cependant, qu’ils fussent conduits par un esprit mercenaire ; rien ne leur était plus étranger que l’appât du gain. Les barons quittaient des pays riches, comme les bords du Rhin, pour aller dans les sables du Brandebourg, dans la Grande-Pologne, au milieu des forêts et de marais de la Prusse. Là, une vie dure et laborieuse les attendait ; ils étaient exposés à des privations, à des luttes continuelles ; rarement ils mourraient dans leur lit ; ils voyaient souvent égorger leurs femmes et leurs enfants. Qui donc les poussait vers ces guerres et ces périls ? Larméme cause qui pousse de nos jours des hommes riches aux luttes politiques : l’idée du siècle, le sentiment d’un grand avenir.

La lutte était trop inégale pour les Slaves ; car les Allemands apportaient avec eux l’organisation militaire féodale, tandis que les Slaves ne pouvaient leur opposer que des armées sans ordre.

Les barons ne portaient pas aux Slaves une haine implacable : une fois convertis, ils recevaient d’eux la même protection que les Allemands. Toutefois, malgré cette protection, les Slaves se trouvaient malheureux. Ils voyaient avec peine s’élever dans leur pays le château féodal. Près de ces châteaux s’établissaient des forges qui fabriquaient des armes pour le seigneur ; les ouvriers allemands construisaient ensuite une église, et près d’elle se formait bientôt