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questions relatives à la philosophie et à l’histoire, à l’origine des langues et des peuples, à la nature et à la vraie signification des dialectes, enfin au développement naturel du langage lui-même.

Pour l’histoire intellectuelle de l’humanité, l’étude d’une pareille langue n’est-elle pas tout aussi importante que le serait, pour la connaissance des lois de la création, la découverte d’un être organique qui, après avoir passé par tous les états, conserverait en lui la vie végétale, la vie animale, et la vie humaine, chacun d’elles dans sa totalité, dans toute la maturité de son développement ?

Dans l’étude que nous commençons aujourd’hui, nous ne nous bornerons pas à la connaissance d’une seule des langues slaves : nous ne nous proposons pas uniquement d’ajouter un chapitre de plus à la grammaire universelle, d’enrichir le musée linguistique d’un nouvel individu, mais d’étudier, de connaître toute une famille de langues.

Avant d’entrer dans la littérature proprement dite, qu’il me soit permis d’indiquer quelques résultats qu’on pourrait tirer de nos études pour l’histoire universelle, l’histoire des sciences exactes et celle des sciences morales et politiques. J’ai avancé que les peuples slaves ont déjà agi sur l’Europe. Le poëte bohême Kollar a dit : « Tous les peuples ont prononcé leur dernier mot ; maintenant, Slaves, c’est à notre tour à parler ! » Il me semble que les Salves ont déjà parlé plus d’une foi ; ils ont parlé, à leur manière, à coups de lance, à coups de canon ; il serait raisonnable de chercher à pénétrer le sens de