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anciennes traditions, mais il se faisait fort de les expliquer, de les accomplir. C’est là ce qui explique ses rapides progrès. Tout le monde sait, en effet, qu’il existe des rapports profonds entre le dogme chrétien et les croyances antiques des peuples. Le christianisme n’abolissait pas le sacrifice, il en révélait la signification véritable ; il ne rejetait pas le dogme de la lutte du bien et du mal, il l’éclaircissait, s’accordant ainsi avec ce qu’il y avait de plus intime dans les anciennes religions. Les Slaves qui, dans les pays du Nord et dans ceux gouvernés par les Normands, avaient conservé le dogme antique, acceptèrent le christianisme sans résistance, chez eux il n’y a point de traces d’une lutte entre les deux religions. Au Midi et à l’Ouest, la résistance fut la suite des provocations des barons allemands qui se présentaient aux Slaves en conquérants. La lutte fut courte en Pologne, mais elle fut opiniâtre sur la limite des pays slaves entre la Pologne et l’Allemagne. C’est là, en effet, que le féodalisme allemand cherchait à s’établir en couvrant du voile de la religion ses projets d’envahissement.

Cette lutte a donc le caractère plutôt politique que religieux ; certes, il n’est pas difficile de justifier le christianisme des reproches qu’on lui adresse. C’est lui qui a complété l’organisation des royaumes slaves et assuré leur indépendance. Jusqu’ici on n’a pas suffisamment examiné son influence sur l’état domestique, social et politique de ces peuples.

En première ligne, il a fondé la famille par l’établissement du mariage ; réforme immense qui a rap-