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classe supérieure à celle des anciens et des gouverneurs. Le poème continue ainsi :

« Les guerriers, les chefs et les anciens réunis, ayant pris place chacun suivant sa naissance, la souveraine apparaît en habits blancs comme la neige. Elle s’assied sur le trône des ancêtres. À ses côtés sont deux vierges initiées aux mystères de la jurisprudence ; l’une d’elles tient les tables de la loi, et l’autre porte le glaive vengeur des torts. Devant leurs yeux brûle le feu des épreuves juridiques ; à leurs pieds brille l’eau lustrale. »

Cette façon de juger, de chercher la vérité à l’aide du feu et de l’eau, que quelques critiques pensent n’avoir été pratiquée que dans les temps chrétiens, leur a fait contester l’antiquité du poëme : ils le regardent comme une création postérieure à la date qu’on lui assigne. Cependant, il y a un vers dans le texte où Libussa déclare qu’elle n’agit que d’après la loi de ses dieux éternels. Je cite :

« La souveraine du haut du trône des ancêtres, parle ainsi : — O mes anciens, mes guerriers et vous chefs du peuple, d’après la loi des dieux éternels, établissez la justice entre les deux frères qui se querellent pour l’héritage de leur père. Doivent-ils posséder le bien en commun ? ou doivent ils se le partager en deux portions égales ? Si la sentence que je vais prononcer est d’accord avec votre raison, faites-la exécuter ; mais si elle est en désaccord avec votre raison, rendez une sentence nouvelle qui puisse réconcilier les deux frères. —

» Alors tous s’inclinèrent, les anciens, les guerriers,