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monuments les plus anciens de la langue écrite et que, par conséquent, celle dont on s’est servi pour traduire la parole divine devait être la plus ancienne. Ce principe, une fois admis, il ne restait plus qu’à établir la généalogie des dialectes.

Les Serbes et les Illyriens ont dès lors réclamé le droit d’aînesse pour leur dialecte. De cette manière le russe serait le petit neveu de la langue mère, et le polonais et le bohème en seraient une descendance. encore plus éloignée. Mais la question posée en ces termes a de nouveau été débattue. Le savant Dobrowski, désintéressé et sceptique de sa nature, a prouvé que la langue sacrée ou liturgique n’était pas la langue universelle, mais seulement un dialecte. On ne sait même pas s’il faut l’appeler serbien ou illyrien, ou s’il faut lui donner la double appellation de serbo-illyrien. Les Bohêmes ne prononcent qu’en hésitant ce mot de serbo-illyrien. Bref, la discussion s’est envenimée à ce point que les savants, après bien des déboires, ont fini par abandonner leurs recherches.

Depuis, on a tenté de résoudre la question à l’aide de la statistique des peuples slaves. On s’est demandé combien de milliers d’hommes parlent tel ou tel dialecte, et le russe a naturellement obtenu la prépondérance. Mais si l’on voulait appliquer ce système à l’histoire de la langue, en France, on arriverait à placer au premier rang le dialecte du midi, et le français proprement dit occuperait à peine la seconde place. Ajoutons que les savants, qui ont ainsi voulu résoudre le problème, ont reconnu comme