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morts dans la capitale du monde catholique. Il n’y a donc aucun doute sur l’origine de la civilisation chrétienne des Slaves ; mais pour différentes causes on s’est efforcé plus tard de l’obscurcir. Les Slaves, attachés à leur langue et hostiles à la langue latine, qui, selon eux, détruisait les monuments de leur littérature, ont cherché à établir la prépondérance de la langue grecque, ou plutôt slave orientale. Il était alors de leur intérêt de prouver que l’Église grecque parlait l’idiome national ; depuis, les écrivains du Nord, pour diverses raisons politiques, ont aussi voulu effacer toute trace de l’influence de l’Église d’Occident ; la question a été ainsi de plus en plus s’obscurcissant, grâce aux travaux des érudits modernes sur les antiquités slaves. Il s’agissait de fixer l’époque à laquelle furent introduits les alphabets employés par l’Église d’Orient et par celle d’Occident. Les philosophes du dernier siècle, souvent sans justifier de leurs préférences, penchaient visiblement pour l’Église grecque, et cela uniquement sans doute parce que cette Église était la négation de l’Église romaine. C’est dans ce but qu’ils ont voulu prouver que les caractères slaves, adoptés par l’Église d’Occident, étaient une invention intéressée des moines pour combattre l’influence de l’Église d’Orient. Leur opinion a été acceptée de quelques savants ; mais les Bohêmes ont démontré toute la fausseté de ce système ; ils ont découvert que les plus anciens monuments slaves sont écrits avec les caractères acceptés par l’Église de Rome, de sorte que l’antiquité des deux alphabets semble égale, tandis que l’influence