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avons nommée littérature fossile, est refoulée dans la vie domestique ; elle s’abrite sous le toit enfumé des chaumières, et reste a jamais séparée de la vie politique, du mouvement national. Ici commence une nouvelle tradition qui va désormais servir de base à l’histoire et se produire dans les créations littéraires. Nos poëtes lui ont emprunté des figures et des métaphores qu’on ne peut bien entendre si on n’en a pas étudié la source ; il serait même impossible, sans cette connaissance, de se rendre compte des cris de guerre que les Polonais et les Russes se lancent avec de mutuels mépris, et que les uns et les autres acceptent comme des titres de gloire.

Les Lechs, tels qu’ils sont représentés par la tradition poétique, étaient un peuple cavalier. Vers le VIe siècle ils faisaient la conquête des terres qui composent le duché actuel de Posen, s’étendaient jusqu’à la Baltique et quelquefois jusqu’aux bords de l’Elbe. Ils choisissaient leurs rois dans une seule famille. La couronne était souvent la récompense des victoires gagnées dans les courses à cheval. La tradition de ces sortes d’élections est commune à tous les peuples qui descendent des Azes. Les rois fabuleux des Lechs combattent souvent des monstres fantastiques, des dragons ; ils font la guerre à Alexandre le Grand, à César ; tout se mele ici ; les souvenirs apportés de l’Orient se confondent avec les fables populaires. Enfin la maison régnante des Lechs disparaît ; elle est remplacée par la famille des Popiels, qui n’est elle-même qu’une transition à une dynastie