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Je réussis à détromper Wagner, lui affirmant qu’il pouvait sans appréhension se présenter chez Rossini ; qu’il serait reçu de la manière la plus cordiale. Cela le décida. Il m’exprima le désir d’être accompagné et présenté par moi. Rendez-vous fut pris pour le surlendemain matin.

Je prévins cependant Rossini qui me répondit aussitôt : « Mais cela va sans dire ; je recevrai M. Wagner avec le plus grand plaisir. Vous connaissez mes heures ; venez avec lui quand vous voudrez. » Puis il ajouta : « Au moins lui avez-vous fait comprendre que je suis étranger à toutes les stupidités que l’on m’endosse à son sujet ? »

Après avoir esquissé en ces quelques particularités, les conditions où Wagner se trouvait alors à Paris, il me reste, avant de mettre les deux maîtres en présence, à compléter cet aperçu, en consacrant les lignes suivantes à Rossini.

Celui-ci occupait alors dans la maison du coin de la Chaussée-d’Antin et du boulevard des Italiens, cet appartement du premier étage, bien connu de tous les Parisiens[1].

Ce fut en 1856 que le maestro, qui habitait Florence, revint brusquement à Paris, — dans ce Paris qu’il n’avait plus revu depuis 1836.

Atteint depuis quelque temps de neurasthénie, vainement il s’était adressé aux médecins de Florence, qui ne parvenaient pas à combattre le mal. Celui-ci empirait progressivement. On eut de sérieuses inquiétudes pour la raison de l’illustre malade.

  1. Il a été établi, qu’à la distance à peu près d’un siècle, avant l’auteur du Barbier, — ô coïncidence ! — l’auteur des Noces de Figaro, Mozart, lors de son séjour à Paris, s’était logé dans une maison qui occupait alors le même emplacement où s’élève aujourd’hui le grand immeuble ci-mentionné. C’était la demeure de Grimm (1778), chez lequel Mozart se réfugia, après avoir quitté la rue du Gros-Chenet, où il perdit sa mère.