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au même but par des routes enlièrement différentes. Un système prouvait l’autre d’une manière nouvelle pour tous deux. Cette coïncidence fonda leur amitié ; elle les encouragea mutuellement et redoubla leur activité littéraire. L’exaltation de Schiller remuait le génie tranquille de Gœthe et celui-ci fixait les yeux de son compagnon sur la réalité, qu’il avait jusqu’alors vue très imparfaitement. Wallenstein, Marie-Stuart, la Fiancée de Messine, la Pucelle d’Orléans, Guillaume Tell, ses ballades, ses principaux ouvrages esthétiques furent écrits durant l’intervalle écoulé entre cette adoption fraternelle et sa mort. Elle arriva le 9 mai 1805. Le jour qu’il rendit le dernier soupir, Mme de Wolzogen lui demanda comment il se trouvait : « Toujours mieux, répondit-il, toujours plus calme. » Ensuite la parole lui manqua. Il fil ouvrir les rideaux et contempla le soleil couchant. Une douce joie brillait dans son regard ; il semblait envoyer ses adieux à cette merveilleuse nature, qui l’avait si fréquemment inspiré. Vers trois heures du matin, sa femme s’agenouilla près de son lit ; elle crut sentir qu’il lui serrait la main et vil sa figure se contracter. Il ferma ensuite les yeux et parut goûter le plus profond sommeil. En effet, il venait de s’endormir pour toujours.

Son convoi fut simple et solennel comme sa vie. Douze jeunes gens le portèrent à la lueur des