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ses mornes réflexions Faccablèrenl. Le Mein, éclairé par le soleil, se déroulait devant lui comme une rivière d’or fluide; les hauteurs loin-laines, immergées dans la lumière, semblaient rayonner d’elles-mêmes : on eût dit que la nature voulait le réjouir : inutile effort! II tourna la tête el reprit sa marche vagabonde. Hélas! la foule n’avait pas un coup d’œil pour lui. Au milieu des bois ou des pâturages la solitude a quelque chose d’attrayant. L’insensible univers communique avec l’homme par sa magnificence. L’oiseau qui traverse le ciel, l’arbre mort que le vent agile, la fontaine éplorée qui gémit sous les herbes lui parlent un langage consolateur. Dans les villes, elle impressionne bien autrement. Tout y rappelle le luxe, le bien-être, les jouissances partagées; la richesse qui passe vous fait sentir votre misère, l’indifférence votre isolement. Parmi ces hommes égoïstes quiconque n’a rien ne doit rien attendre, et l’ange gardien des malheureux, l’espoir, vous abandonne pour remonter au ciel.

Schiller éprouvait ces angoisses. A la fin pourtant le hasard l’amena devant la boutique d’un libraire qu’il connaissait. Absorbé par ses méditations chagrines, il entra sans rien dire el sans qu’on remarquât sa présence. Au bout de quelques minutes, un acheteur, ouvrant la porte, demanda les Brigands. Un dialogue s’engagea entre le libraire et la pratique; leurs discours apprirent à sir l’Allemagne.