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— La chose est certaine ; comment pouvez-vous en douter?

— Mais un autre n’en serait-il pas vraiment l’auteur, et ne les aurait-il pas donnés au public sous son nom? ou bien s’est-il fait aider?

— Je connais Schiller depuis environ deux ans, et je puis vous garantir qu’il a composé seul les Brigands, et qu’il les a seul changés pour le théâtre. Mais quel motif avez-vous de m’interroger ainsi?

— C’est que la nouvelle pièce est le plus pitoyable drame que je connaisse. Après avoir écrit le premier, Schiller n’aurait pu, en aucune façon, produire une œuvre aussi plate, aussi misérable. » Streicher demeura stupéfait. Avant de rentrer, son interlocuteur ajouta : « Si Schiller a vraiment composé les Brigands, il a épuisé ses forces dans cette unique création. Il ne peut désormais tomber de sa plume que de sottes, emphatiques et absurdes balivernes. »

La lecture fut donc interrompue, et les amis consternés gagnèrent leur humble séjour. Meier les avait priés de lui laisser le manuscrit; leurs espérances n’en étaient pas moins détruites, et ils gardèrent quelque temps un morne silence. Enfin l’orage éclata ; Schiller maudit les cabales, les jalousies, la stupidité des acteurs. « Puisqu’on ne veut pas de mes drames, s’écria-t-il, je monterai sur la scène, j’exécuterai ceux des autres, et personne ne déclamera mieux que moi. »