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la parole. Ils n’osèrent point rompre le silence avant d’atteindre le chemin de Ludwigsburg; mais quand la première hauteur eut voilé leur enfer, les mots accoururent d’eux-mêmes sur leurs lèvres et l’entretien s’anima. Vers minuit, ils aperçurent le château de la Solitude complètement illuminé. L’air était si diaphane, le palais si radieux, que Schiller put désigner au musicien l’endroit où séjournait sa famille. Celle action éveilla leurs regrets, et, saisis d’une profonde douleur, chacun d’eux s’écria involontairement : « ô ma mère ! ô ma mère ! »

Voilà comment ils fuyaient, les nobles opprimés ; l’autocrate en miniature déployait un luxe royal et s’enivrait de louanges, pendant que ses victimes pleuraient dans le silence et l’horreur de la nuit. La pompe de ses fêtes semblait railler leur tristesse. C’est qu’il n’y a rien de joyeux comme la sottise; un coup d’archet la ravit, une fusée l’emporte au ciel.

A huit heures du matin, ils franchirent les limites du Wurtemberg, et s’abandonnèrent à de vifs transports, en lançant leur carriole sur le territoire du Palalinat. Ils arrivèrent le soir à Schwel-zingen, et le lendemain, vêtus de leurs meilleurs habils, entrèrent faslueusemenl dans les rues de Manheim.

Ils descendirent chez le régisseur du théâtre, appelé Weier. Son élonnemenl fut sans bornes; il