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porte, et se trouve avoir devancé les simples qui travaillent encore à faire leur voie dans la foule.

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Maintenir le clergé stérile, lui continuer la desséchante éducation du seizième siècle, lui imposer toujours les livres qui témoignent de l’état hideux des mœurs de ce temps, c’est faire ce que ne feraient pas ses plus cruels ennemis.

Quoi ! ce grand corps vivant, l’énerver, le paralyser ! le tenir inerte, immobile ! lui tout défendre, excepté l’injure !

Mais l’injure, mais la critique, la meilleure critique, n’est encore qu’une critique, c’est-à-dire une négation. Devenir de plus en plus négatif, c’est vivre de moins en moins.

Nous qu’ils croient leurs ennemis, nous voulons qu’ils agissent, qu’ils vivent. Et leurs chefs, disons mieux, leurs maîtres, ne leur permettent pas de donner signe de vie… Quelle est, je vous prie, des deux mères du jugement de Salomon, quelle est la vraie, la bonne mère ? Celle qui veut que l’enfant vive.

Pauvre église ! il faut que ce soient ses adversaires qui l’invitent à se reconnaître, à partager avec eux le travail de l’interprétation, à se souvenir de ses libertés et des grandes voix prophétiques qui sont sorties de son sein !