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promises, libertés communales, libertés civiles (en Prusse, Hongrie, Gallicie, etc.)

Les violents adversaires de la liberté de penser, y puisaient leurs forces. N’est-ce pas un curieux spectacle de voir M. de Maistre, dans sa vive allure, échapper à chaque instant au joug qu’il veut imposer, ici plus mystique que les mystiques condamnés par l’Église, là tout aussi révolutionnaire que la Révolution qu’il combat ?

Vertu merveilleuse de la liberté ! Le plus libre des siècles, le nôtre, s’est trouvé aussi le plus harmonique. Il s’est développé, non plus par écoles serviles, mais par cycles ou grandes familles d’hommes indépendants, qui, sans relever l’un de l’autre, vont pourtant se donnant la main ; en Allemagne, le cycle des philosophes, des grands musiciens ; en France, celui des historiens et des poëtes, etc.[1].

Ainsi, c’est justement lorsqu’il n’y avait plus d’association, plus d’ordre religieux, plus d’école, que pour la première fois a commencé ce grand concert,

  1. Même développement dans les sciences ; dès le commencement du siècle, je vois travailler en face, à l’occasion de nos grandes luttes, et travailler néanmoins en parfait accord, les chimistes de la France, les mécaniciens de l’Angleterre, tous tirant du sein de la nature des forces merveilleuses, qui pour avoir été cherchées sous l’inspiration de la guerre, n’en restent pas moins pour toujours la pacifique possession de l’humanité.