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qu’ils aillent à l’aveugle d’un degré à l’autre et comme s’ils montaient dans la nuit[1].

C’est le premier point. Le second, c’est de les mettre en défiance les uns à l’égard des autres, par la crainte des délations mutuelles (Reg. comm. XX).

Le troisième, de compléter ce système artificiel par des livres spéciaux qui leur montrent le monde sous un jour entièrement faux, de sorte que, n’ayant aucun moyen de contrôle, ils se trouvent à jamais enfermés, et comme murés, dans le mensonge.

Je ne citerai qu’un de ces livres, leur Abrégé d’histoire de France (éd. de 1813[2]), livre, depuis vingt-cinq ans, répandu par millions, en France, en Belgi-

  1. Pour justifier la défense d’apprendre à lire qu’ils font à leurs domestiques, ils citent hardiment saint François d’Assise (Reg. comment. Nigronus, p. 303), qui, avec sa confiance parfaite dans l’illumination divine, dispense les siens d’étudier… Je crois voir Machiavel exploitant, pour sa politique, le mot qu’il aurait surpris sur les lèvres d’un enfant. — Il en est de même d’une foule de choses dont les Jésuites ont pris la lettre dans les anciennes règles, mais qui ont chez eux, un sens tout différent, et ne sont là que pour témoigner combien leur esprit est contraire à celui du moyen âge.
  2. Histoire de France à l’usage de la jeunesse, t. II, p. 342 ; in-12, nouvelle édition, revue et corrigée, 1843 ; imprimée à Lyon, chez Louis Lesne, imprimeur-libraire, ancienne maison Rusand. Ce livre et tous ceux de la même main sont désignés dans les catalogues par le signe A. M. D. G. (ad majorem Dei gloriam), ou par L. N. N. (lucet, non nocet.)