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« De même qu’on emmaillote les membres de l’enfant dès le berceau, pour leur donner une juste proportion, il faut, dès sa première jeunesse EMMAILLOTER, pour ainsi dire, sa volonté, pour qu’elle conserve dans tout le reste de sa vie une heureuse et salutaire souplesse. »

Si l’on pouvait croire qu’une faculté emmaillotée longtemps puisse jamais devenir active, il suffirait de rapprocher de cette expression doucereuse le mot plus franc qu’ils n’ont pas craint d’écrire dans leur règle, et qui indique fort bien le genre d’obéissance qu’ils demandent et ce que l’homme sera dans leurs mains : Comme un bâton, comme un cadavre.

Mais diront-ils : « Si la volonté seule est annulée, et que les autres facultés y gagnent, n’y a-t-il pas compensation ? »

Prouvez qu’elles ont gagné ; prouvez que l’esprit et l’intelligence peuvent vivre en l’homme, avec une volonté morte… Où sont vos illustres depuis trois cents ans ?…

Quand même un côté de l’homme devrait profiter de l’affaiblissement de l’autre côté, qui donc a droit de pratiquer de telles opérations, par exemple de crever l’œil gauche, sous prétexte que l’œil droit en aura la vue plus nette ?