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ou mal. Chaque jour, nous venons tout apporter ici, notre vie, notre propre cœur… Nos ennemis peuvent y mordre.

Et il y a déjà longtemps (simples que nous sommes et laborieux) que nous les nourrissons de notre substance. Nous pouvons leur dire, comme dans le chant grec le blessé dit au vautour : « Mange, oiseau, c’est la chair d’un brave ; ton bec croîtra d’une coudée. »

Car enfin, voyez vous-mêmes, de quoi vivez-vous dans votre grande pauvreté ?

La langue même que vous avez dans la bouche, avec laquelle vos avocats attaquent J.-J. Rousseau, c’est la langue de Rousseau, autant qu’ils peuvent… Rhétorique, raisonnement, peu d’observation des faits.

Le spiritualisme chrétien, qui l’a relevé il y a vingt ans, est-ce vous ? oseriez-vous le dire ?

La ferveur pour le moyen âge, qui l’a ramenée dans le public, est-ce vous ? oseriez-vous le dire.

Nous avons loué le passé, saint Louis, saint Thomas, même Ignace de Loyola… Et vous êtes venus dire : Je suis Loyola… Non ! pas même Loyola… Un homme de génie n’eût pas fait aujourd’hui ce qu’il fit alors…

Cette église même, où vous prêchez, elle était là depuis des siècles et vous ne saviez pas la voir…