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s’y mêlant. Dès lors il a dû en subir les tristes nécessités, la plus triste de toutes, la guerre. Il s’est fait guerrier par moment, lui qui est la paix ; c’est-à-dire que dans ces moments il se faisait anti-chrétien.

Les machines de guerre, sorties ainsi, par un étrange miracle, de la religion de la paix, se trouvant en contradiction flagrante avec leur principe, ont présenté dès leur naissance un caractère singulier de laideur et de mensonge ; combien plus, à mesure qu’elles s’éloignaient des circonstances qui les avaient fait naître, des nécessités qui pouvaient en expliquer la naissance ! De plus en plus en désaccord avec le monde qui les entourait, qui avait oublié leur origine et n’était frappé que de cette laideur, elles inspiraient une répugnance instinctive ; le peuple en avait horreur, sans savoir pourquoi.

Toute apparition du monde trouble et violent des anciens âges dans notre monde moderne, inspire même répugnance. Les fils aînés du limon qui jadis possédaient seuls le globe, couvert d’eau et de brouillard, et qui aujourd’hui pétrissent de leurs membres équivoques la fange tiède du Nil, semblent une réclamation du chaos qui voudrait nous ressaisir[1].

  1. « Le serpent du vieux limon se présente aimable, luisant, écaillé, ailé : « Voyez mes belles écailles, et mes ailes, montez sur