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l’arbre fut un arbre sec, qui n’eut jamais ni fruit, ni fleur.

Au seizième siècle, autre tentative de machinisme, et plus hardie. On se battait pour la religion ; un vaillant homme, Ignace de Loyola, comprit la religion elle-même comme machine de guerre, la morale, comme mécanique. Ses fameux Exercices sont un manuel de tactique religieuse, où la milice monastique se dresse à certains mouvements ; il y donna des procédés matériels pour produire ces élans du cœur, qu’on avait toujours laissés à la libre inspiration ; ici, l’on prie, là, on rêve, puis l’on pleure, etc.

Admirable mécanique, où l’homme n’est plus qu’un ressort qu’on fait jouer à volonté. Seulement, ne demandez rien que ce qu’une machine peut produire ; une machine donne de l’action, mais nulle production vivante, à la grande différence de l’organisme animé, qui non-seulement agit, mais produit des organismes animés tout comme lui. La mécanique des Jésuites a été active et puissante ; mais elle n’a rien fait de vivant ; il lui a manqué constamment ce qui, pour toute société, est le plus haut signe de vie, il lui a manqué le grand homme… Pas un homme en trois cents ans !

Quelle est la nature du jésuite ? Aucune ; il est propre