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aux choses de l’esprit, sans l’affaiblir et l’énerver. De toutes parts je vois des machines intellectuelles qui viennent à notre secours[1], pour nous dispenser d’étudier et de réfléchir, des Dictionnaires qui permettent d’apprendre chaque chose isolée, hors des rapports qui l’éclairent, des Encyclopédies où toute science, scindée en menues parcelles, gît comme une poussière stérile, des Abrégés qui vous résument ce que vous n’avez point appris, vous font croire que vous savez, et ferment la porte à la science.

Vieilles méthodes, et fort inférieures à l’idée de Raimond Lulle. A la fin du moyen âge, il trouva les Scolastiques, qui, sur un thème tout fait, s’épuisaient en déductions. Si le thème est fait, dit-il, si la philosophie est faite, la religion, la science, il suffit de bien ordonner ; des principes aux conséquences, les déductions se tireront d’elles-mêmes. Ma science sera comme un arbre ; on suivra des racines aux branches, des branches aux feuilles, allant du général à l’espèce, à l’individu, et de là, en sens inverse, on retournera aux profondes racines des principes généraux. »… Il le fit, comme il le disait ; avec cet arbre si commode, on ne cherchait plus, tout était devenu facile… Seulement,

  1. Objection contre ces genres d’ouvrages, et non contre tel ouvrage où les auteurs ont montré un esprit original et profond.