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De Luther

mêmes. Ils en ont tous été délivrés par mon évangile.

« Le pape avait écrit à l’Empereur de ne point observer le sauf-conduit. Les évêques y poussaient ; mais les princes et les États n’y voulurent point consentir car il en fût résulté bien du bruit. J’avais tiré un grand éclat de tout cela, ils devaient avoir peur de moi plus que je n’avais d’eux. En effet le landgrave de Hesse, qui était encore un jeune seigneur, demanda à m’entendre, vint me trouver, causa avec moi, et me dit à la fin Cher docteur, si vous avez raison, que notre Seigneur Dieu vous soit en aide !

« J’avais écrit, dès mon arrivée, à Sglapian, confesseur de l’Empereur, en le priant de vouloir bien venir me trouver, selon sa volonté et sa commodité ; mais il ne voulut pas il disait que la chose serait inutile.

« Je fus ensuite cité et je comparus devant tout le conseil de la diète impériale dans la maison de ville, où l’Empereur, les Électeurs et les princes étaient rassemblés[1] Le docteur Eck, official de l’évêque de Trêves, commença, et me dit Martin, tu es appelé ici pour dire si tu reconnais pour tiens les livres qui ont placés sur la table. Et il me les montrait. — Je le crois, répondis-je. Mais le docteur Jérôme Schurff ajouta sur-le-champ Qu’on lise les titres. Lorsqu’on les eut lus, je dis Oui, ces livres sont les miens.

« Il me demanda encore Veux-tu les désavouer ? Je répondis Très gracieux seigneur Empereur, quel-.

  1. Il se trouvait à la diète, outre l’empereur, six Électeurs, un archiduc, deux landgraves, cinq margraves, vingt-sept ducs et un grand nombre de comtes, d’archevêques, d’évêques, etc. ; en tout deux cent six personnes.