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Mémoires

« Quoique je fusse effrayé et tremblant, je lui répondis Je veux m’y rendre, quand même il devrait s’y trouver autant de diables que de tuiles sur les toits ! Lors donc que j’arrivai à Oppenheim près de Worms, maître Bucer vint me trouver et me détourna d’entrer dans la ville. Sglapian, confesseur de l’Empereur, était venu le trouver et le prier de m’avertir que je n’entrasse point à Worms ; car je devais y être brûlé Je ferais mieux, disait-il, de m’arrêter dans le voisinage chez Franz de Sickingen, qui me recevrait volontiers.

« Les misérables faisaient tout cela pour m’empêcher de comparaître ; car, si j’avais tardé trois jours, mon sauf-conduit n’eût plus été valable, ils m’auraient fermé les portes, ne m’auraient point écouté, mais condamné tyranniquement. J’avançai donc dans la simplicité de mon cœur, et lorsque je fus en vue de la ville, j’écrivis sur l’heure à Spalatin que j’étais arrivé, en lui demandant où je devais loger. Ils s’étonnèrent tous de mon arrivée imprévue car ils pensaient que je serais resté dehors, arrêté par la ruse et par la terreur.

« Deux de la noblesse, le seigneur de Hirsfeld et Jean Schott, vinrent me prendre par ordre de l’Électeur de Saxe et me conduisirent chez eux. Mais aucun prince ne vint me voir, seulement des comtes et des nobles qui me regardaient beaucoup. C’étaient ceux qui avaient présenté à Sa Majesté Impériale les quatre cents articles contre les ecclésiastiques, en priant qu’on réformât les abus sinon qu’ils le feraient eux-